L’Affaire du rubis (Arnaud Beaujeu), Acte II

II – L’enquête 

1 – Le conseil royal 

Le roi Philippe Le Bel entouré de sa garde et de ses conseillers. L’archevêque de Lyon est là en invité. 

Le roi Philippe : Eh bien, gardiateur, quelles nouvelles de la santé du duc de Bretagne ? 

Le gardiateur : Il est au plus mal, Monseigneur : ses blessures sont si graves qu’il va probablement succomber dans les heures qui viennent. 

Le roi Philippe : Sa Sainteté en revanche semble saine et sauve, n’est-ce pas l’Archevêque ? 

L’Archevêque de Lyon : Oui, mais son frère, Gaillard de Got, n’a pas survécu. 

Le roi Philippe : Sic transit gloria mundi. 

L’Archevêque de Lyon : En effet, Majesté. Toutefois se pose un autre problème… 

Le roi Philippe : Lequel, Monsieur l’Archevêque ? 

L’Archevêque de Lyon : Comme vous le savez, le Pape Clément, dans sa chute a perdu sa tiare. Or un rubis, d’une valeur inestimable, s’en est détaché. 

Le roi Philippe (au gardiateurEh bien, n’a-t-on pas fait des recherches ? 

Le gardiateur : Si fait, Monseigneur, les gravats ont été tournés et retournés : nous n’avons rien trouvé. 

L’Archevêque de Lyon : C’est très fâcheux, Majesté. Le Pape Clément pourrait en prendre ombrage. 

Le roi Philippe : Votre inquiétude vous honore, Monsieur l’Archevêque. Toutefois, mêlez-vous de ce qui vous regarde… Gardiateur, vous irez personnellement transmettre un message d’amitié de ma part à sa Sainteté quant à la mort de son frère. Vous l’assurerez également qu’en ce qui concerne la disparition de ce rubis, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour le retrouver. 

Le gardiateur : Bien, Monseigneur. 

Le roi Philippe : A-t-on fouillé les logis des vilains ou manants de la montée Beauregard ? 

Le gardiateur : Pas encore, Monseigneur. J’en donne l’ordre, aussitôt. 

Un garde : Monseigneur… 

Le roi Philippe : Qu’as-tu, drôle ? 

Le garde : Il se trouve, que j’étais à proximité lorsque le mur s’est effondré. 

Le roi Philippe : Et donc ? 

Le garde : Et donc, Monseigneur, j’ai cru reconnaitre, parmi les badauds, un de ceux qu’on appelle les Truands de Lyon. 

Le roi Philippe : Tiens donc ! Vous veillerez à enquêter de ce côté-là aussi, gardiateur ! 

Le gardiateur : Bien, Monseigneur. 

Le roi Philippe : Quant à vous, l’Archevêque, j’ai ouï dire qu’une certaine animosité régnait dans votre parti contre les gascons de la suite papale : il serait dommage que cela dégénère ; Clément pourrait… comment… « en prendre ombrage », comme vous dîtes. 

L’Archevêque de Lyon : N’en ayez crainte, Majesté… 

2 – Les Truands 

Le Malingreux, chef des Truands de Lyon, entouré des siens. 

Le Malingreux : Gens de petite flambe, ribauds et ribaudes, mendiants, voleurs et assassins ! L’heure est grave : comme certains d’entre vous ont dû l’apprendre tout à l’heure, le pape des riches a laissé choir sa « sacrée tiare » dans la boue ! Certains, parmi nous, étaient là ! Mais la garde papale a su récupérer ce trésor avant nous…  

Trousse-caille : Tu parles, ils ne lâchent jamais rien, ces satanés coquins ! 

Tue-la-mort : L’or va à l’or comme la misère va au vaurien ! 

Le Malingreux : Bien dit, Tue-la Mort ! Quant à toi, Trousse-Caille, j’espère que pendant ce temps, tu as pu faire les poches de quelque gros marchand… 

Trousse-caille : Pour sûr, Le Malingreux : voici quelques gros tournois, fauchés à un drapier et à un pelletier, pendant qu’ils regardaient passer le cortège ! 

Le Malingreux : C’est bien, mon gredin, je sais qu’on peut compter sur toi ! (Un temps.) Toutefois, il y a autre chose… La rumeur court, à travers les ruelles, qu’un gros rubis de cette tiare a disparu ! ça ne te dit rien, Le Sabouleux ? 

Le Sabouleux (appuyé sur sa canne) : Je n’ai rien vu, le Malingreux. 

Le Malingreux : Pourtant, c’était bien toi qui était posté au bas de Beauregard, quand le mur est tombé. 

Le Sabouleux : Oui, j’étais bien là, mais la cohue a été telle que je m’suis fait rejeter en contre-bas. 

Le Malingreux : C’est bien malheureux… Trompe-Caille et Tue-La-Mort, fouillez-le ! 

Grippe-soleil : Attendez, il dit vrai : j’étais avec lui quand le pape a chuté. Il y avait un jeune maraud qui cherchait son frère dans les gravats.  

Trousse-caille : Tiens, quand j’étais occupé, un peu plus haut, à détrousser le drapier, un jeune est justement descendu avec une petite, pour aller retrouver son  frère et sa mère…  

Grippe-soleil : C’est eux, la mère criait « Jacquot ! », « Mon Jacques ! » comme une désespérée… Eh bien, quand le jeunot a eu fini de dégager son frère, je l’ai vu ramasser quelque chose… 

Le Malingreux : Et as-tu vu c’que c’était, Grippe-soleil ? 

Grippe-soleil : Non, c’est allé trop vite. Mais il l’a mis dans sa poche, comme si de rien n’était… 

Le Malingreux : As-tu entendu son prénom ? 

Grippe-soleil : Attends… (Un temps.) Oui, je crois : sa mère l’appelait Samuel ! 

Le Malingreux : Eh bien, nous n’allons pas tarder à les retrouver… 

(A suivre… Tous droits réservés)

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