Un triomphe (Arnaud Beaujeu)

Dans l’entrelacs des branches, un petit oiseau chante comme en une volière ouverte sur l’amour. La légende est dorée de ses espoirs bleutés dans le soleil immense. Le ciel est déployé et la Dame d’épée tend une main clémente au gentil Chevalier que porte la vaillance. Les manteaux sont ourlés d’or et brodés d’écus sur fond de vert et bleu

 

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Un cheval se cabre, un autre marche au pas, caparaçonné dans une armure guerrière et de vert harnaché. Le Roi porte gants blancs et collants de soie rouge sur son trône doré. Son maître fauconnier lui présente un oiseau des meilleurs pour chasser au vol ; un lévrier observe la forêt. Le bâtonnier s’avance, suivi du sénéchal et de l’échanson. Le Roi porte la coupe d’ambroisie à ses lèvres en signe d’amitié

 

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La Reine en robe blanche, chevelure ondulée, dépose son épée, mais garde gants de fer. Un autre chevalier passe le bleu du lac, traverse les collines pour venir parader sous son chapeau de plumes. Sous la tente, le Roi et la Reine festoient, entourés de valets et pages raffinés. Ils n’ont rien vu venir. La coupe est incrustée de joyaux et gravée aux armes royales

 

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Pendant que le Triomphe passe devant la tente – valets portant brocards, deniers et fils d’argent ; beaux chevaliers courtois, à la jambe bien faite, présentant leur épée en signe d’allégeance… –, soudain le Chevalier fougueux fait irruption jusqu’au plus près du Roi auquel, en grand mépris de justice et de charité, il dérobe la coupe

 

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Le Chevalier vaillant entreprend de s’interposer, mais déjà l’impudent s’approche de la Reine, qu’il emporte avec lui sur son destrier. La cour part en poursuite mais l’Outrageux et son butin ont disparu dans la forêt. Le Roi affligé, sans plus ni Reine ni calice, sous le ciel assombri, pleure sa foi perdue, son amour enlevé…

 

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Or peut-être qu’un jour, après bien des combats et des mésaventures, l’heur lui sera rendu d’enfin les retrouver