Nicotine (A.B.)

Je te connais comme on connaît les morts, enveloppé de brumes

les photos et les mots te fixent et te consument

en cassette les notes de piano s’abîment

je te connais comme un être posthume

comme on regarde un film

nicotine

(Arnaud Beaujeu, Tous droits réservés)

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Rouge (A.B.)

Un oiseau dans la main sur la place rouge

une aile dans la main et le monde bouge

dans son sac à main le bonheur est rouge

et elle ouvre la main et les ombres bougent

un sourire de la main ses pommettes rouges

l’avenir – et demain qui s’envole et bouge

(Arnaud Beaujeu, Tous droits réservés)

… (A.B.)

Des chemins mystérieux au fond de la forêt s’enfoncent jusqu’où l’on ne reviendra jamais

Un cerf y brame et nul ne sait depuis quand ni même où ils vont. Les feuilles des érables des hêtres et des chênes en ont recouvert l’horizon

Où sont les animaux cachés dans la forêt, est-ce qu’ils nous sentent et nous observent, est-ce qu’ils nous savent en danger ?

Parmi les hêtres les sapins coule une source dans la mousse. Quelle biche s’y désaltère depuis des siècles des années ?

(Arnaud Beaujeu, Tous droits réservés)

L’abbaye (A.B.)

Monter à l’échelle aujourd’hui condamnée, jusqu’aux cloches de l’abbaye, pour contempler la ville, sous leur masse de bronze

Ou contempler la nef, de biais, par la fenêtre de la chapelle Saint-Michel

L’escalier en colimaçon pour y monter, sauf le palier aux vitraux en losanges. Les piliers sont vertigineux, vus d’en haut, dans leur robe rose

Sensation lisse de la corde et froide de la pierre, pour pouvoir redescendre. Les voûtes du narthex en damier noir et blanc et les dalles immenses qui parfois sont des tombes

L’une d’elle en ovale. Coquille du bénitier. Dans l’allée latérale, toujours la Vierge noire entourée de bougies. Petit au visage d’homme

La crypte aux colonnades sur le vertige d’un puits

Mais le choeur de lumière autour du Saint-Esprit

(Arnaud Beaujeu, Tous droits réservés)