Trois femmes (Arnaud Beaujeu)

Chaque jour à la même heure, elle sort avec sa chèvre, son chien et son mouton : ils suivent la lumière du soleil en hiver. Elle s’assoit sur une pierre du muret et regarde la vérité en face : sa campagne durera autant qu’elle sera là, après ce sera autre chose. La chèvre est un peu malade, peut-être ne passera-t-elle pas les Pâques fleuries. Le mouton est plus jeune, elle l’a sauvé de l’abandon, deux étés de cela. Le chien jappe gaiement. Elle regarde la route : au virage du grand chêne, s’approchent deux passants

 

Elle peint des aquarelles qu’elle passe au fixateur, des aquarelles bleues et lumière, d’automne, printanières. Elle ne veut pas les vendre plus que leur vraie valeur : celle du temps passé à les faire et du cœur qu’elle y met. Elle fait comme le portrait des choses, elle en a le secret. Puissiez-vous penser qu’elle l’ignore, alors elle vous regarde d’un regard bleu rieur

 

Elle est la fille du garde-barrière. A Saint-Paul, elle posait pour les plus grands peintres. Son père nommé ici, elle aussi l’a suivi. De cette gare, les trains partaient, chargés de bouchons et de fleurs. A présent, il n’en reste que cette gare, et elle

 

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