Archives Mensuelles: octobre 2019
XXI (suite) Arnaud Beaujeu
V
Aux clés d’une Initiale
Et d’écrits en écrits
Les éléments font sens
Une fresque se déterre
L’inclinaison des vases
La naissance de Vénus
Sous les couches de repeints
(Arnaud Beaujeu, XXI suivi de Post mortem, 5 sens éditions, 2015)
XXI (suite) Arnaud Beaujeu
III
Un cheval droit l’autre en travers
Ligotés l’un à l’autre
Une torche et les mains attachées
Dans le dos hérétique
Les pèlerins passent à travers
La grotte imaginaire
De la damnation
(Arnaud Beaujeu, XXI, suivi de Post-mortem, 5 sens éditions, 2015)
…
Le monde est d’une beauté dont on n’a pas l’idée
(Arnaud Beaujeu, L’Amour de vivre, éd. NU(e), 2014)
Tableau: Rothko
« Les vies éventrées » (Arnaud Beaujeu)
Saccage des émotions, les maisons sont restées debout, mais éventrés, les souvenirs dans les nuits se sont désagrégés comme pauvres errants, l’église est bouche d’ombre, le toit s’en est allé
Un matin, les gendarmes sont venus les chercher, il fallait quitter le village, abandonner les tombes, les arbres, les vergers. Il n’y aurait plus de troupeaux. A la place : des bombes
Le portail de la grange à présent ne dit plus grand-chose, c’est déjà loin tout ça… mieux vaut ne pas trop y penser… Mais les rues dévastées continuent de hurler leur oubli jusque dans les choses. Leurs cris s’égarent dans les champs, au pied des peupliers
Les femmes ont pleuré leur tout petit, leur village, du fond de leur passé. Grand-père passait du cirage sur ses souliers, l’été, les ruches bourdonnaient, l’orage s’éloignait, revenait, sur les soirées ensoleillées
Ainsi nos existences, bien construites et closes, finissent-elles par s’effilocher. Ouvertes aux quatre vents, elles ne savent plus grand-chose du passé
(Texte et photo: Arnaud Beaujeu. Tous droits réservés)
Où le chemin… (Arnaud Beaujeu)
Où le chemin commence les pas sont magnifiques
un tapis d’aiguilles atténue les voix
Le grand air nous invite on marche sans un doute
aimantés de nature on s’enchante de tout
Un chemin nous rassure de ses arbres et de ses lumières
de ses cailloux clairs de ses joies
Un autre passe dans les bois parmi de petits tas de pierres
– il faut enjamber le ruisseau pour longer un champ
A la croisée des voies le vent nous aveugle
Comme à colin-maillard on tourne sur soi
On prend ce chemin-là sans savoir où il va
s’il y aura un replat une route
Celui-ci tourne à gauche il faut passer un gué cerné de genêts
C’est peut-être une impasse
Celui-là monte droit puis casse d’un seul coup
il se poursuit pourtant en passant le pont
Au mitan du parcours
on a la tentation de rebrousser chemin
et en même temps ce serait dommage
de ne pas aller voir
plus loin
Un chemin ne dit rien
Empierré de matière il vibre sous les pas et ne s’ouvre qu’à lui
On revient sur ses pas
Est-ce que l’on s’est perdu ?
Mieux vaut continuer reprendre le bon cours
c’est plus beau plus intéressant en allant de l’avant
Tout au bout du chemin il y aura autre chose
peut-être une aventure peut-être une autre voie